Nigel Cabourn x Element - Futur Vintage



Le designer britannique Nigel Cabourn, conçoit depuis 40 ans des vêtements inspirés des tenues vintages militaires, outdoor et workwear. Ce vétéran de la mode puise dans les archives des vestiaires historiques pour donner une seconde vie aux vêtements. Que ce soit dans ses ateliers au

fin fond du Nord-Est de l’Angleterre comme dans une Tokyo agitée, il délivre des réinterprétations contemporaines en travaillant les détails, les belles matières et la fonctionnalité. Ce chineur légendaire traverse les époques en rajeunissant les esprits. Cette année, Nigel vient de signer une troisième collaboration avec la marque américaine Element. Ça s’appelle Element Wolfeboro By Nigel Cabourn. Une collection qui rend hommage à ce parcours et cette quête incessante qui l’ont élevés au rang de grands sages du vêtement. Nous l’avons rencontré et photographié, pour Sport Étude,dans son atelier à Newcastle.
Nigel est originaire de Scunthorpe, une petite ville au nord du Royaume-Uni. Un anglais au langage fleuri, à la mine enjouée et au sourire communicatif. Une joie de vivre aussi intense que son débit de parole. Ce vieux loup de soixante et onze ans est aussi vif qu’un jeune tout droit sorti de l’école.

C’est justement à l’université que tout débute pour lui. Dans les rangs de Northumbria où il étudiait le design de la mode. Quatre cents filles pour quatre mecs. « Le paradis » se souvient-il. À vingt et un ans, précoce et conscient de ses maigres chances d’être embauché, il fonde la marque éponyme Nigel Cabourn. Avec ses premières payes, il s’achète un beach buggy avec un moteur de Porsche et part à l’aventure.

En pleine guerre du Vietnam, l’esprit Flower Power et la Pop Music Anglo- américaine seront signe de romantisme à ses yeux. « C’est l’inspiration military clothing qui me fascine, pas la guerre ».

Tout comme la musique Marvin Gay, The Who’s, the temptations, Hendrix » Cette nouvelle vague dénonçant la guerre est l’expérience d’un nouveau flow. La marque Cabourn emprunte aux ondes pop rock et résonne en Albion, avec un style musico-trooper.

Ce vintage globe trotter aime profondément les rencontres et les différentes cultures. ll est constamment à la recherche du passé pour avoir un temps d’avance. Un tableau de 1969, témoin de sa philosophie en trône dans son atelier de Newcastle, au milieu des deux mille livres d’inspiration et de son vestiaire, l’un des plus grands du monde. Composé de quatre mille pièces, chinées dans lemonde entier.

Dans sa quête des vêtements, vestiges du passé, Nigel posera ses valises en France, dans les allées des puces de Saint Ouen et Clignancourt. “La première fois, c’était avec Paul Smith en 1977. Alors que Paul bossait pour moi, nous avons découvert une veste qui marquera le départ de 42 ans de voyage pour construire mes archives vintage »
Nigel Cabourn fait parti d’une classe de designers ultra rares, généralement issue de la street culture japonaise. Les créateurs intemporels. Visvim par Hiroki Nakamura, Hiroshi Fujiwara fondateur de Fragment et parrain de la Ura-Harajuku Fashion, Jun Takahashi d’Undercover ou bien Eiji Koyama fondateur de l’une des marques les plus secrètes, Kuumba International. Pas étonnant qu’après avoir ouvert une première boutique à Londres, s’ouvre Nigel Carbourn Japan, à Tokyo en 1984. Avec le temps, il imagine ses espaces comme des bazars organisés. En 2009, il inaugure un concept store Japonais. « The Army Gym ». Conçu comme un gymnase militaire, on peut autant y trouver du très rare vintage sportswear, que des collections homme et femme Nigel Cabourn Japan. La ligne sportswear de la maison, était un réveil sportif pour Cabourn. « Je faisais 95 kilos à 60 ans, j’allais tout droit vers la crise cardiaque. J’ai pris un coach sportif, je me réveillais à cinq heure du matin comme à l’armée, je faisais du cross training puis j’ai commencé le Ping Pong. En souvenir de cette collaboration avec Fred Perry, champion du monde de tennis mais aussi pongiste ». Nigel s’entraîne façon Forest Gump à l’armée pour rester en bonne santé et continuer à voyager.
Puis je suis devenu pote avec Nino Cerruti, avec qui j’ai collaboré après le salon Première Vision. Un jour il m’a dit “Nigel, j’ai bossé comme un âne jusqu’à 60 ans, maintenant je tiens la forme pour être un international playboy. » Point de départ de l’histoire d’Army Gym.

Mais sa renommée, il la doit à « The Ascent of Nigel Cabourn ». Elle fut créée pour le 50ème anniversaire de l’ascension de Sir Edmund Hillary au sommet de l’Everest en Mai 1953 et reprend la garde robe des membres de l’expédition. La « Antarctic Parka » ou encore la « Cameraman Jacket » sont depuis devenues des classiques de la marque puis rééditées tous les ans. Nigel Cabourn a utilisé la matière Ventile, présente dans les vêtements de l’armée anglaise depuis les années 30. Un ensemble de plumes d’oie et de coton Mancunien de haute qualité développé par des scientifiques et confectionné dans le Yorkshire. Cette ligne fut portée par de nombreuses célébrités tels que Ben Fogle et Eric Clapton. Tout comme son pote Liam Gallagher, leader d’Oasis avec qui il partage le même goût pour les parkas. "Un jour, il a acheté lui-même un blouson de collaboration Element by Nigel Cabourn et l’a immédiatement porté pour un concert».

La rencontre avec Element s’est faite au Pitti Umo, il y a 3 ans. S’en est suivie une visite de leurs locaux dans le Sud-Ouest de la France. Ils avaient un skatepark sur le toit et une table de Ping pong. Il lui en fallait pas plus pour l’embarquer.

D’autant plus qu’en 2000, Nigel est parti à Aspen avec sa femme. « On a fait du traîneau à travers la forêt et le guide avait un manteau avec écrit Wolfeboro dessus ». Point de départ de cette 3ème collection. Element Wolfeboro By Nigel Cabourn est inspirée de la collection de vintage personnelle de Nigel. Tout en respectant les origines du créateur d’Element, Johnny Schillereff. Issue d’une famille de pêcheurs à Vancouver island au Canada. La pièce Lake Fleece de cette nouvelle collection, représentant un ours tenant un poisson dans sa gueule, est d’ailleurs notre coup de coeur.

Cette sélection d'équipements authentiques conçue pour endurer les températures extrêmes est aussi une ode aux grands espaces nord-américains. Afin de respecter cette Nature dont elle s’inspire, Wolfeboro By Nigel Cabourn est le résultat de l’éco-innovation Repreve®, une fibre révolutionnaire tissée à partir de bouteilles de plastique recyclées. Une collection éco-conçue de classiques de l’outdoor indémodables pour endurer les éléments naturels tout en les respectant. À l’image de Nigel, c’est du futur vintage.

Photos - Tom Weatherill
Texte - David Bellion & Julien Soulier
Coordination - Pascale Savary
Agency  - 187 Com / Luiza Melo